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"La sagesse du bibliothécaire", de Michel Melot

Dans ce petit ouvrage, Michel Melot (grand bibliothécaire, a notamment dirigé le département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque Nationale Française, le département de la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou et Président du conseil supérieur des bibliothèques) décrit le (rôle du) bibliothécaire (deux premiers chapitres), s'intéresse brièvement au livre et à ses métonymies (troisième chapitre) et glisse habilement sur une analyse plus général des bilbiothéques, et de la bibliothèque (quatre derniers chapitres). Ce livre s'éloigne donc fort de ce qui est apparemment le but principal de la collection, mais n'en reste pas moins extrêmement intéressant.

Couverture du livre "La Sagesse du Bibliothécaire" Titre : La Sagesse du Bibliothécaire
Auteur : Michel Melot
Éditeur : L'œil neuf éditions
Collection : Sagesse d'un métier

Collection oblige, le livre s'intéresse d'abord au bibliothécaire. Vantant sa modestie (confronté quotidiennement au grand nombre de livres qu'il ne lira jamais, le bibliothécaire mesure l'ampleur de son ignorance - non qu'il soit plus bête que les autres, mais qu'il s'en rend compte), Michel Melot rappelle qu'un bibliothécaire est rarement célèbre pour sa fonction de bibliothécaire (j'ai ainsi appris dans ce livre que Goethe, Borges et même Leibniz ont été des bibliothécaires, avant ou après de devenir célèbres pour autre chose).

Selon lui également, pour bien faire, le bibliothécaire ne devrait pas être unique : une étude avait recensé qu'une bibliothéque demandait une trentaine de capacités différentes. Cependant, si Michel Melot parle du bibliothécaire, il ne parle pas des bibliothécaires, à croire que ces gens sont des solitaires endurcis. Il est vrai que dans ma bibliothéque communale, je les entends peu parler entre eux, ni les vois d'ailleurs (puisque "chuuut, c'est une bibliothèque ici"). Pourquoi ?

Passons ensuite au livre. Auparavant, les écrits étaient enroulés, il s'agit des volumines, les fameux "rouleaux de parchemin". En déroulant le parchemin, nous avions directement un bref aperçu de tout le contenu du livre. Selon Suétone, c'est César qui le premier plia le parchemin inventant ainsi le livre. Outre l'intérêt de disposer de plus de surface d'écriture, le livre plié est également une succession de surprises. Vous ne savez pas ce qu'il y aura à la page suivante, cachée par celle que vous lisez.

Le livre désignait d'abord le support sur lequel on pouvait écrire, ces fameuses pages pliées. Il désigne maintenant, par métonymie, aussi bien le support que le contenu, mais aussi le concept même du livre (comme lorsque vous entendez "Le livre a de moins en moins de succès auprès des jeunes"). Cette abondance et évolution de sens marque l'importance du livre dans nos civilisations.

Michel Melot étudie d'abord les différences entre les bibliothèques européennes continentales et anglaises, et entre ces deux dernières et les nord-américaines (il ne fait que passer sur les bibliothèques asiatiques, africaines et sud-américaines). Ce serait des anglais que viendrait l'initiative de vendre les livres trop peu empruntés, idée encore difficilement acceptée sur le continent. Selon Michel Mélot, la British Library aurait été pendant longtemps en avance sur les bibliothèques européennes, tant du point de vue l'architecture (car l'architecture d'une bibliothèque est un art complexe qui fait partie des cours d'architecture) que du classement. Cependant, avec le temps, les différences ont tendance à s'amenuiser.

Plus intéressante est la comparaison avec les États-Unis d'Amérique, où la Public Library offre bien plus de services que le prêt de livres : assistance sociale, alphabétisation et cours de langues, livres lus et en braille pour les aveugles (un service fédéral est chargé d'envoyer ce genre de matériel aux bibliothèques), conseils juridiques. et même parfois prêt d'outils de jardinage ! Ceci s'explique par le système social des États-Unis : la Public Library doit jouer un rôle non rempli par la sécurité sociale (inexistante ou presque aux États-Unis). Pourtant, comme Michel Melot, je pense que, sans échanger nos systèmes de sécurité sociale, les bibliothèques européennes pourraient remplir un plus large rôle dans l'éducation et l'instruction publique, devenir plus incontournables, devenir un outil à part entière de cette éducation.

Voir également, sur le Figoblog (blog d'une bibliothécaire), , et un autre blog de bibliothéconomie (l'art de gérer une bibliothèque), BiblioAcid

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Toute création est, à l'origine, la lutte d'une forme en puissance contre une forme inusitée1

Combien d'idées n'ont-elles pas été perdues faute de les avoir écrites ? C'est dans cet état d'esprit que j'ai ouvert ce blog.

Vous trouverez quatre types de billets sur ce blog :

  • des cours formés par synthèse de différents documents (livres, revues, articles de Wikipédia, ...);
  • des résumés et/ou critiques de livres;
  • des écrits "inédits" (réflexions personnelles)
  • des billets tout à fait inintéressants sur ma vie.

Sur ce, bonne lecture.

1 : André Malraux, in "Les Voix du silence"


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